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Source : pexels (domaine public)
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Première étude PISA: l’effet d’un choc

2000

La publication des premiers résultats du « Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves » (PISA) pour le Luxembourg en 2000 eut l’effet d’un choc: la comparaison internationale des compétences acquises dans les écoles du Grand-Duché ayant relégué le pays au rang d’une nation quasi sous-développée en matière d’enseignement.

Le programme PISA a été lancé à la demande des ministres de l’éducation des pays membre de l’OCDE qui ont souhaité disposer d’informations fondées sur le niveau d’éducation et sur les performances des élèves pour mieux orienter le système de l’éducation. Avant 1999, l’OCDE avait fourni plutôt des indicateurs administratifs ou indirects et des indicateurs fiables sur les connaissances et les facultés des élèves avaient été plutôt rares, et surtout il n’y avait pas eu de norme standardisée au sein de l’OCDE permettant des comparaisons significatives entre les pays.

La publication des premiers résultats du « Programme international de l’OCDE pour le suivi des acquis des élèves » (PISA) eut l’effet d’un véritable choc au Luxembourg. L’analyse des résultats a mis à jour des déficits importants du système scolaire. Un consensus politique s’est dégagé sur la nécessité de réformer à fond le système éducatif en combattant notamment l’échec scolaire, en adaptant mieux les ressources matérielles et humaines aux besoins, en améliorant la qualité du système, et en assurant mieux le contrôle de la qualité de l’enseignement.

L’étude PISA a surtout aussi montré qu’il existe un écart significatif entre les prestations scolaires des enfants issus de familles d’immigration par rapport aux enfants autochtones et a souligné notamment aussi que les élèves issus de familles monoparentales se classent moins bien que les enfants vivant avec leurs père et mère. Une corrélation significative a été mesurée entre le statut professionnel des parents et les performances scolaires des élèves, d’où la conclusion que l’égalité des chances est loin d’être assurée dans le système scolaire luxembourgeois.

Suite aux résultats de la première étude PISA, une vaste consultation parmi les acteurs de l’école a été entreprise et les résultats ont été discutés lors d’un débat d’orientation à la Chambre des Députés le 12 février 2003. Une série de réformes a été déposée par la suite.

Depuis 2000, le Luxembourg a participé à toutes les études PISA qui ont lieu tous les trois ans avec des focus différents. Toutefois, en décembre 2019, le Ministre de l’Education Nationale Claude Meisch a annoncé que le Grand-Duché ne participerait dorénavant que tous les six ans au programme PISA.

Préface du rapport national par la ministre de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle et des Sports, Anne Brasseur

Au cours des dernières années, on a beaucoup lu et parlé des forces et des faiblesses réelles ou prétendues de notre système scolaire. Les débats souvent polémiques se sont caractérisés d’une part par des positions préétablies, et d’autre part par l’insuffisance voire l’absence d’informations fiables sur la qualité du système scolaire luxembourgeois. Ainsi, durant des années, voire des décennies, les discussions se sont limitées à des échanges d’avis opposés. Il s’avère indispensable d’améliorer les informations sur la qualité et l’efficacité de notre système d’éducation. Dans ce contexte, l’étude PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) de l’OCDE revêt une importance particulière. Elle fournit des indicateurs sur les compétences des élèves âgés de 15 ans dans les domaines de la lecture, des mathématiques et des sciences. Tous les pays membres de l’OCDE, et dès lors tous les pays de l’Union européenne, participent à ce programme à long terme fournissant ainsi une base de départ remarquable pour un état des lieux. D’emblée, je relève le constat de ce premier Rapport national PISA : les performances des élèves sont extrêmement faibles dans tous les domaines évalués par PISA. La comparaison avec les autres pays membres met en évidence des déficits considérables du côté des élèves luxembourgeois. Assurément quelques arguments relativisent ce résultat, comme le fait que nos élèves n’ont pu faire les exercices dans leur langue maternelle. Ce fait ne peut servir de prétexte pour enjoliver ou minorer les résultats. Une première analyse des données, exclusivement nationale, montre en effet des grandes différences au sein de notre système scolaire signalant des problèmes dans et hors de l’école. Les responsables politiques, les enseignants, les parents, les élèves et tous les concernés oeuvrant pour une école du succès ont deux alternatives pour aborder ces résultats. On peut minimiser la portée des résultats, critiquer l’étude, débattre sans fin et mettre, au bout de quelques mois de polémique, cette étude au fond du tiroir. Ou bien, nous saisissons cette opportunité comme point de départ pour une discussion constructive et un effort commun en vue de construire une meilleure école pour nos élèves. Moi, pour ma part, je suis disposée à engager la seconde voie. Si la volonté politique est une condition nécessaire, elle est insuffisante pour la réussite. La volonté et – plus encore – l’engagement de tous les partenaires pour une meilleure performance dans l’intérêt de nos élèves est une obligation.
 1 Extrait de: Rapport d’activités annuel du MENJE 2021, p. 5.

 

Couverture du rapport national
Couverture du rapport national

Documents

PISA 2000. Comparaison internationale des compétences des élèves. Rapport national Luxembourg publié par le Ministère de l'Education nationale, de la Formation professionnelle et des Sports.

Emission RTL, Impuls du 16 décembre 2001 sur les résultats de l’étude PISA - Archives : Centre national de l’audiovisuel (CNA) (AV028368)

Extrait de l’émission RTL, De Journal du 21 décembre 2001 avec une interview donnée par le président du Lycopa, Jeannot Medinger sur les résultats de l’étude PISA - Archives : Centre national de l’audiovisuel (CNA) (AV028374)

L'ancienne ministre de l'Éducation nationale, de la Formation professionnelle et des Sports, Anne Brasseur, au sujet de l'étude PISA (interview réalisée par le SCRIPT).